Je ne cacherai pas que cet épisode 4 m'a un peu déçue. Après de brillants épisodes 2 et 3 (le 1er me laisse toujours un peu de marbre), je m'attendais tout à fait à autre chose, voire à un final en apothéose (rien que ça, me direz-vous !). A trop vouloir faire "autrement", et plus moderne, on en arrive à des scènes complèment hors-de-propos. L'épisode 3 se terminait sur un Rochester suppliant et repentant à la porte de Jane. L'épisode 4 se devait de commencer par une Jane égarée dans la lande, après avoir fui un homme qu'elle ne pourra jamais épousé. Ca a été le cas. Les causes de sa fuite nous sont expliquées par flashbacks, ce qui est une originalité tout à fait plaisante. Et quels flashbacks ! On ne s'attend pas vraiment à voir des scènes entre Jane et Rochester qui sont plus "hot" que romantiques. C'est tellement dommage d'avoir modifié toute cette scène de tendresse, de renoncement, et de combats intérieurs, que Zelah Clarke et Timothy Dalton avaient rendu avec brio dans cette adaptation inoubliable de 1983. Certes, je pouvais prévoir que la scénariste Sandy Welsh allait nous remettre tout cela au goût du jour, mais là, elle a fait un peu fort. C'est vrai, il ne s'agit que d'une infime partie de l'épisode, mais cette infime partie est de trop. Le romantisme n'est plus présent, on retombe tout à coup dans une banale modernité.
A part ce point négatif, j'en reviens un peu aux acteurs qui sont excellents, très justes, très touchants. Toby Stephens est très émouvant dans les dernières scènes, de même que Ruth Wilson, toujours pleine de vivacité et d'honnêteté. Le personnage de St-John n'a malheureusement plus grand chose en commun avec le personnage original, sorte de double opposé de Rochester, monolithique et glacial. Ici, il est plus humain, voire plus sympathique (ce qui n'était pas vraiment l'effet souhaité), et on y perd beaucoup.
Quant à la fin, elle est assez étonante. Alors que la plupart des adaptations se terminent assez abruptement sur un fait heureux (le fameux : "Reader, I married him"), ici on a un aperçu de ce qu'est devenu la vie de Jane et de Rochester. Celui-ci n'a cependant pas retrouvé la vue, et une fois de plus, on perd tout le symbolisme de la fin originale : "purifié" par le feu, Rochester a trouvé la voie de l'honnêté, il est lavé de ses actions passées, de ses secrets ; par son mariage avec Jane, sa rédemption est accomplie.
Il y a une sorte de happy-end assez étrange, une note très joyeuse qui est en totale opposition avec mon ressenti du roman.
Je conseille malgré tout de voir cette adaptation, rien que pour le jeu des deux acteurs principaux, particulièrement excellents. Les meilleurs épisodes sont sans conteste le second et le troisième, plein de nouveautés, mais en même très respectueux de l'histoire d'origine.
Je reste malgré tout assez dubitative pour les 1er et 4e épisodes qui sont assez maladroits.
Pour ceux qui seraient intéressés, BBC One diffuse à partir de dimanche prochain à 22h, la "prequel" de Jane Eyre "The Wide Sargasso Sea" (La prisonnière des Sargasses), adaptée du roman assez controversé de Jean Rhys, racontant l'histoire de la première épouse de Rochester, Bertha Mason. Pour en savoir plus visiter le site : Wide Sargasso Sea