De Tony Richardson
1990
Téléfilm en deux épisodes de 1h30
Pour la chaîne américaine NBC.
Avec Charles Dance (Erik – le fantôme), Teri Polo (Christine Daaé), Adam Storke (le comte de Chagny), Ian Richardson (Mr Cholet), Jean-Pierre Cassel (l’inspecteur Ledoux), Andréa Ferréol (la Carlotta)…
Résumé :
Christine Daaé est une jeune chanteuse inexpérimentée qui est engagée à l’Opéra Garnier grâce à une recommandation du comte de Chagny. La Carlotta, la Diva et épouse du nouveau directeur, refuse de lui faire intégrer les chœurs et la relègue à la lingerie. Christine apprend que le bâtiment est « hanté » par un obscur personnage que l’on surnomme « le fantôme » et qui donne depuis des années toutes les directives pour gérer l’opéra, et assassine froidement quiconque ose s’opposer à sa volonté, ou quiconque voulant découvrir son identité. La nouvelle direction n’entend cependant pas les choses de cette oreille, et décide d’y mettre rapidement bon ordre. Mais le fantôme, insaisissable, reste une énigme et tous sont obligés de se plier… Le fantôme entre-temps, a découvert la jeune Christine et lui propose de devenir son professeur de chant. Pleine d’innocence et de pureté, la jeune femme, fascinée, accepte. L’énigmatique personnage ne tarde pas à tomber éperdument amoureux de Christine, qui lui voue, quant à elle, une admiration sans bornes. Du jour au lendemain, et grâce aux bons conseils de son « maestro » , Christine est choisie comme remplaçante de la Carlotta pour interpréter Margueritte dans Faust de Gounod. Pour Christine, c’est enfin l’occasion d’une reconnaissance, mais c’est sans compter la jalousie et les machinations de la Carlotta…
Mon avis :
J’ai appris l’existence de ce téléfilm complètement par hasard, et après bien des mésaventures lors de la commande du dvd, j’ai enfin visionné ce weekend cette version, malmenant quelque peu l’intrigue du roman original, mais n’en demeurant pas moins fascinante.
Je ne m’attendais pas du tout à trouver une histoire si prenante, si triste, et si belle. Beaucoup de choses m’avaient déplu dans le roman de Gaston Leroux, tandis que dans la comédie musicale, l’histoire était entièrement remaniée (parfois d’une façon assez heureuse) pour paraître beaucoup plus flamboyante et baroque. Ici, on est plongé dans une ambiance plutôt lugubre et profondément triste. Le fantôme apparaît tout d’abord comme un personnage manipulateur, glacial. Le jour où Christine arrive à l’opéra, son cœur s’ouvre enfin, et son âme alors lugubre s’illumine en entendant la voix de la jeune chanteuse. Je me souviens notamment d’un dialogue entre le fantôme et Christine :
« Where do you live, maestro ? »
« When you sing, I live in Heaven. If you not, I am down below. »
Les deux personnages vouent l’un pour l’autre une admiration réciproque qui se transforme immédiatement en un lien indéfectible, presque surnaturel. Ici, pas de fascination ambiguë, pas de jalousie violente, tout n’est que douceur et sombre tristesse. Quand le comte de Chagny entre dans la vie de Christine, le fantôme, jaloux, voit Christine s’éloigner de lui, en souffrant en silence. Il n’y a donc aucune haine mortelle, car la jeune femme aime le fantôme, malgré son attachement à Chagny…Erik (car ici, le fantôme a un nom) est à l’occasion un assassin, un être solitaire et lugubre, mais son génie musical, sa sensibilité, sa tendresse, sont les sentiments qui se sont imposés dans le cœur de Christine, qui choisit, de son plein gré, de rester à ses côtés. Le fantôme est un personnage protecteur et tendre, qui n’est pas simplement animé d’une folie destructrice. Il aime Christine d’une façon exclusive, mais pas égoïste. Toutes ces nuances font de cette adaptation certainement l’une des meilleure qui ait jamais été tournée. Le tournage sur les lieux même de l’intrigue renforce encore la beauté et la somptuosité des plans, même si les images restent la plupart du temps assez sombres. La qualité de l’interprétation est indéniable. L’excellent
Charles Dance, brillant comédien britannique de la Royal Shakespeare Company, derrière un masque de cire qu’on ne le voit jamais ôter (sauf lors de quelques rares plans de dos…), offre un fantôme charismatique, triste, torturé par sa difformité et par l’amour impossible et unique qu’il voue à Christine.
Teri Polo, d’une beauté diaphane, est littéralement parfaite pour incarner la jeune chanteuse animée d’une tendresse et d’un amour innocent pour le fantôme, partagée entre l’admiration qu’elle voue à son maestro et son attachement à son amour d’enfance, le frivole comte de Chagny. Bon nombre de scènes m’ont touchée, bouleversée, par les dialogues, les sentiments présents dans chaque regard, dans chaque geste. La scène de la fin, sur le duo final du Faust de Gounod m’a fait verser des larmes :
Marguerite
Ah! c'est la voix du bien aimé!
A son appel mon cœur s'est ranimé!
Faust
Marguerite!
Marguerite
Au milieu de vos éclats de rire,
Démons qui m'entourez,j'ai reconnu sa voix!
Sa main, sa douce main m'attire!
Je suis libre! il est là!
Je l'entends, je le vois!
Oui, c'est toi, je t'aime,
Oui, c'est toi, je t'aime,
Les fers, la mort même ne me fond plus peur!
Tu m'as retrouvée…
Ma voilà sauvée…
C'est toi, je suis sur ton cœur!
Faust
Oui, c'est moi, je t'aime,
Oui, c'est moi, je t'aime,
Malgré l'effort même
Du démon moqueur,
Je t'ai retrouvée…
Te voilà sauvée,
C'est moi, viens, viens sur mon cœur!
[…]
Marguerite
Anges purs, anges radieux
Portez mon âme au sein hes cieux!
Dieu juste, à toi je m'abandone!
Dieu bon, je suis à toi, pardonne!
Anges purs, anges radieux,
Portez mon âme au sein des cieux!…
Faust
Viens, suis-moi, je le veux!
Marguerite
Anges pur, anges radieux,
Portez mon âme au sein des cieux!
Quant à la scène sur le toit de l’Opéra, où le fantôme s’enfuit avec Christine, c’est certainement la plus belle et la plus émouvante… Mais je n’en dis pas plus pour ceux qui aimeraient voir ce magnifique téléfilm…
Pour plus d'informations, consultez l'excellent site dédié à Charles Dance (contenant gallerie photos et revues de presse) :
www.charlesdance.co.uk
Malheureusement, cette version demeure injustement méconnue. Très peu de sites en font mention.
D'autres caps bientôt dans un autre post...