23 avril 2010

Rebecca, de Simon Langton (1979)

Adaptation du roman de Daphne du Maurier "Rebecca"

Avec Jeremy Brett (Maxim de Winter), Joanna David (Mrs de Winter), Anna Massey (Mrs Danvers), Espelth March (Mrs Van Hopper), Terrence Hardimann (Frank Crawley), Julian Holloway (Jack Favell).

(4 épisodes d'1h)

1979, produit par la BBC.

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Une jeune fille sans le sou, dame de compagnie d'une riche américaine, rencontre à Monte-Carlo Maxim de Winter. Veuf depuis un peu plus d'un an, ce gentleman anglais, aux allures taciturnes et au comportement trouble, se lie d'amitié avec la jeune femme, au point qu'il lui propose de l'épouser.
Dès leur retour à Manderley, le domaine et l'orgueil des de Winter, leur mariage perd peu à peu ses allures de conte de fées...

***

Tout d'abord, je tenais encore une fois à remercie Sylvie, sans qui je n'aurais pas eu l'occasion de voir cette adaptation, depuis longtemps (voire depuis toujours) introuvable... !
Evidemment, comme on peut s'y attendre sur une adaptation aussi longue, le roman de Daphné du Maurier demeure parfaitement intact. Il y a de très beaux extérieurs : Manderley et ses massifs de rododendrons roses et rouges, la mer de Cornouailles, la campagne anglaise, le vent, la brume, tout est là, mais malheureusement atténué par une photo qui a fort vieilli, du à la qualité de diffusion de l'époque. Heureusement, le charme reste, et c'est là tout ce qui compte.

Avec une pléiade d'excellents acteurs pour servir une telle oeuvre, le spectateur se trouve comblé.
Indéniablement plus noire que la version de 1996, voire plus psychanalyitique que celle d'Alfred Hitchock en 1940, cette adaptation est sans doute la meilleure qui ait été réalisée du roman de Du Maurier. Et l'on peut amèrement regretter l'oubli dans lequel celle-ci semble être tombée...


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Joanna David campe une Mrs de Winter douce, effecée... Jeune femme aimante qui se trouve projetée dans un monde particulièrement hostile, prenant soin à longueur de journée à ne gêner personne, entre un mari qui la prend pour une enfant maladroite et une gouvernante qui la terrifie. Elle ne peut donc trouver sa place dans cet univers, où elle est inévitablement malheureuse... L'impression générale que donne l'adaptation est très similaire à celle inspirée par le roman : l'histoire débute comme un invraisemblable conte de fées (la rencontre avec Max, le mariage, l'arrivée à Manderley que l'on imagine merveilleuse), jusqu'à ce que l'héroïne soit confrontée à la réalité de la vie à Manderley, qui est bien loin d'être idyllique. Là, "le conte de fées" a réellement pris fin, et on le ressent très brutalement. Dans le film de 40, les choses ne me paraissent pas si noires, et dans l'adaptation de 1996, la situation s'envenime déjà pendant le voyage de noces... Bref, dans notre cas, l'arrivée à Manderley est considérée comme un électrochoc...

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Ensuite, il y a la terrible Anna Massey (vue dans de nombreux costume dramas, comme He knew he was right, Tess des d'Ubervilles, etc) en Mrs Danvers très impressionnante, donne la présence jette une ombre terrible sur toute l'adaptation.
D'une froideur implaccable, terrifiante dès sa première apparition, trouble, glaciale : une réussite formidable, qui me la fait préférer personnellement à la Mrs Danvers de la version de Hitchcock. Une personnalité instable, retorse, habitée de multiples frustrations, comme seule Daphné du Maurier peut en inventer, et qui nous la fait considérer dans toute l'ampleur de sa folie vengeresse.
Elle est pour moi l'incarnation parfaite du personnage, parfois mesuré, parfois dramatique (voire tragique), diabolique à l'image de sa maîtresse disparue, ou plongée dans une tristesse incommensurable.
Les scènes qui l'oppose à la nouvelle Mrs de Winter sont absolument brillantes.

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Maintenant, j'en viens à Jeremy Brett, qui à tout point de vue, est le personnage que j'avais en tête à la lecture (mais je le condède, cet aspect est assez subjectif ).
Gentleman, distingué, tantôt lumineux, tantôt sombre ; le regard parfois perdu, troublé ou parfois malicieux, il campe néanmoins un personnage grave et troublant dès les premiers instants à l'écran. A la fois diablement charismatique, tendre et aimant, il peut se révéler d'une dureté et d'une indélicatesse déstabilisantes.
Une chose m'est cependant apparue en voyant l'acteur dans ce rôle : c'est l'égoïsme latent du personnage dès le début, élément qui ne m'avait pas frappée d'une façon aussi flagrante lors de la lecture. Il est clair qu'il l'épouse parce qu'elle lui fait oublier son passé, ce qu'il lui avoue clairement quelques jours seulement après leur rencontre, et même s'il est imposisble de remettre en cause le fait qu'il l'aime sincèrement, il l'emmène avec lui et l'épouse par égoïsme.
Il sait pertinemment bien, vu le caractère de sa jeune épouse, qu'elle ne sera jamais à son aise à Manderley.
Autant son personnage est touchant dans le premier épisode (malgré quelques sautes d'humeur qui sont bien en accord avec celles du livre), il devient littéralement terrifiant dans certaines scènes des épisodes suivants.
Il faut prendre le temps d'analyser le regard de Brett lorsque la jeune femme a le malheur d'évoquer le passé de Max. Par instant, la naïveté du personnage féminin en deviendrait presque agaçant, tant on sent venir des lieues à la ronde le cataclysme engendré par les erreurs répétées qu'elle commet.
La gestuelle de l'acteur abonde d'ailleurs parfaitement dans ce sens : cette façon qu'il a de marcher droit devant lui, sans prendre la peine de s'inquiéter si elle le suit ou non, alors qu'il est plongé dans ses pensées terribles, répond tout à fait à l'image à la fois torturée et parfaitement égotique que l'on perçoit depuis le départ. Brett arrive à inquiéter le spectateur, bien au-delà de ce que son illustre prédesseur (Laurence Olivier), ou de ce que Charles Dance aient pu donner à voir du personnage.

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Attention, ce qui suit est un spoiler imporant.

Le comportement de Max demeure égal jusqu'à la découverte du bateau de Rebecca. La relation des époux prend une toute autre dimension. Mrs de Winter a mûri, elle ressent à présent son utilité. Les secrets sont partagés, aussi terribles qu'ils puissent être. Les choses sont en quelque sorte "assainies". 
Mais c'est là que l'on reconnaît le génie de Daphné du Maurier, qui arriverait presque à nous faire approuver un meurtre... On se prend à apprécier Max tel qu'il était au départ, plus encore peut-être après avoir appris l'inacceptable, à savoir qu'il avait assassiné sa première femme de sang-froid (ou presque).
On n'approuve pas, loin de là, mais les circonstances étant ce qu'elles sont, et le talent de l'auteur étant ce qu'il est, nous sommes pris dans une toile diabolique qui ne peut que nous porter à croire que le geste de Max, s'il est condamnable, n'est pas si incompréhensible.


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09 avril 2010

Jane Eyre : once again !

C'est à présent officiel, cette nouvelle adaptation de Jane Eyre dont on parle depuis 2 ans, va enfin voir le jour. Le tournage a en effet commencé il y a deux semaines dans le Derbyshire, ce qui nous est confirmé d'une part par IMDB et d'autre part sur le site de Focus Features, en co-production avec BBC Films.

Souvenons-nous que la dernière version en date ne remonte qu'à l'hiver 2006, toujours produite par la même BBC, mais pour la télévision (diffusée à l'époque sur BBC One, et qui avait fait l'objet de plusieurs articles sur ce blog). Celle-ci réunissait à l'écran les excellents Toby Stephens et Ruth Wilson dans les rôles de Rochester et de Jane.
Evidemment, on peut trouver que cette nouvelle adaptation arrive bien trop tôt, mais étant destinée au cinéma, elle peut s'adresser à un plus large public, bénificiant aussi d'un format plus accessible car plus court.

Aux commandes, le réalisateur de Sin nombre, Cary Fukanaga, ainsi que Moira Buffini au scénario.

Cary Fukunaga

Pour le cadre, nous retrouverons cet incontournable Derbyshire, et le non moins incontournable Haddon Hall pour représenter Thornfield Hall.

Haddon Hall - Derbyshire

On ne pourra contester la magnificence de la demeure (ce serait malheureux !), mais plutôt la répétition de son utilisation pour les différentes adapatations du roman de Charlotte Brontë, puisqu'elle a été utilisée par Franco Zeffirelli pour le version cinématographique de 1996 et par Susanna White pour la version BBC de 2006. Plusieurs scènes semblent également se tourner également ces derniers jours dans la ville de Sheffield.

Le casting, plutôt alléchant, comportera entre autres Dame Judi Dench dans le rôle de Mrs Fairfax (Pride & Prejudice, différents James Bond, Ladies in Lavender, etc.).

Dame Judi Dench

On trouvera également Sally Hawkins (Persuasion, Tipping the Velvet, etc.), dans le rôle de la tante de Jane.

Sally Hawkins

Jamie Bell incarnera pour sa part St John Rivers, le cousin de Jane (vu dans Billy Elliot, et les futures aventures de Tintin...)

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Et gardons le meilleur pour la fin, c'est à dire, les deux têtes d'affiche...

Pour incarner Jane Eyre, on trouvera Mia Wasikowska, très récemment vue dans l' Alice in Wonderland de Tim Burton.

Mia Wasikowska

Après que l'info ait été soumise à des désistements divers, le nouveau Rochester sera campé par Michael Fassbender, acteur d'origine irlando-allemande, vu dans Angel de François Ozon, Inglorious Bastards, Hunger, 300, ou encore dans le nouveau péplum à venir Centurion.

Michael Fassbender

Un casting relativement jeune donc, pour servir un film qui promet, aux dires de la production, d'être bien plus noir et plus trouble que ses prédécesseurs...

Sortie en salle courant 2011.