The D. Case or the Truth about The Mystery of Edwin Drood, de Carlo Fruttero & Franco Lucentini.
Difficile, à vrai dire, de donner un avis circonstancié sur ce livre, aussi intéressant pouvait-il paraître de prime abord, sur ce sujet qui constitue probablement l'un de mes plus grands intérêts du moment. En quelques mots, le cadre de cet ouvrage, oscillant entre fiction et essai littéraire. Une convention "droodienne" organisée à Rome, réunit les plus grands esprits logiques de notre temps : de Sherlock Holmes à Hercule Poirot, en passant Prophiri Petrovitch, tout droit sorti de Crimes & Châtiments. Leur mission : découvrir à travers le récit, les différents indices laissés par Dickens pour parvenir à lever enfin le voile sur le mystère Drood.
Aussi surprenant que cela puisse paraître, ce récit m'a passablement ennuyée... Tout d'abord, le contexte de départ, qui m'a paru assez anarchique, et ensuite la structure en elle-même, manquant de surprise et d'originalité. D'une part, le lecteur n'apprendra rien de profondément révolutionnaire sur le sujet, et d'autre part la moitié de ce volumineux ouvrage est presque entièrement consacré à y recopier l'entièreté des chapitres écrits par Dickens, dans le but de structurer une analyse progressive des éléments d'intrigue. Cela m'a semblé d'une inutilité criante, d'autant que lorsque l'on se frotte à ce genre d'ouvrages plutôt pointus, il paraît presque logique que l'on ait pris connaissance au préalable du matériau de base. Le seul réel avantage que j'y ai perçu est de m'être attardée sur un chapitre dont je n'avais à ma lecture de Dickens pas saisi la subtilité. A vrai dire, peut-être n'est-ce là qu'un effet de la relecture, et absolument pas de l'analyse qui le suit, car elle n'y apporte réellement aucun éclairage supplémentaire. Je pense à l'arrivée d'Edwin Drood à Cloisterham, chez son oncle, et à la scène où ils évoquent Rosa autour d'un repas frugal. Il est assez comique - ou inquiétant, c'est à voir - de constater avec quelle énergie John Jasper s'acharne à briser les noix qu'ils partagent tandis que son neveu parle avec légèreté de sa fiancée... On sent poindre un léger énervement chez le maître de chapelle ... ^_^
En tout cas, cela m'a permis de constater à quel point il y avait un second degré désarmant chez Dickens, qui parvient à glisser presque un aspect comique dans les instants où ils y auraient tout lieu de s'inquiéter...
Hélas, j'avoue avec honte n'avoir pas tenu la longueur, vu le peu d'intérêt général et le manque manifeste d'esprit novateur en la matière.
A l'ombre de la Seiglière, de Michel Blondonnet
Une fois encore, j'avoue avoir abandonné ce livre en cours de route. Je m'essaye rarement à la littérature dite "de terroir", et malgré tout le bien que j'avais pu en entendre de-ci de-là, je ne suis pas parvenue à fixer mon attention sur les problèmes de famille, d'agriculture et de gestion de patrimoine rencontrés par les protagonistes.
Défi à Sherlock Holmes, de Béatrice Nicodème
Roman déniché dans le rayon jeunesse du libraire, je ne savais pas réellement à quoi m'attendre avec ce livre, aux accents immédiatement très respectueux de l'esprit original. Lorsque je repense à cette lecture, avec quelques jours de recul, la première caractéristique qui me vient à l'esprit est bel et bien la vision très académique de Holmes et de Watson présentée par l'auteur, prise dans le sens le plus noble du terme. J'ai probablement aimé ce livre jusqu'au dernier chapitre. L'intrigue est menée tambour battant, jusqu'à une conclusion finale en apothéose qui est très agréable et originale, sans pour autant dénaturer le fond. Au final, je me retrouve désappointée sur un détail, peut-être infime pour certains, mais qui m'a paru plutôt écrasant pour ma part... Détail que je ne dévoilerai pas ici, puisque le livre est nouveau, et qu'il est toujours très désagréable de découvrir des spoilers d'une manière inopinée. Cela dit, j'ai passé un excellent moment à la lecture, avec un seul et unique bémol sur les cinq dernières pages.
Phantom : the novel of his life, de Susan Kay
On pourra dire que j'aurai attendu longtemps avant d'oser entreprendre la lecture de ce livre, considéré par beaucoup d'adorateurs du personnage d'Erik, le fantôme de l'opéra, comme son honorable et géniale "biographie". Cependant, j'avais lu aussi beaucoup d'autres avis, moins enthousiastes ceux-là. Je dois dire, que malgré des premiers chapitres, lacrimaux à souhait, sur l'enfance malheureuse de ce personnage qui fendraient le coeur à n'importe qui, y compris les lecteurs les plus néophytes sur le sujet, je me range décidément plutôt du côté des déçus. Je ressors donc de la lecture de ce roman, pourtant très soigné, plutôt désabusée, voire presque avec un sentiment de trahison, qui me fait mieux comprendre les critiques les plus nuancées que l'on peut en lire. En d'autres termes, ce roman m'a presque dérangée. Erik enfant, au-delà de sa difformité physique - est effrayant. Très ou trop avancé pour son âge, il terrifie sa mère, par ses dons hors du commun. Cela dit, sans faire de la psychologie de supermarché, Susan Kay a réussi un véritable tour de force en parvenant à expliquer l'influence terrible qu'auront les huit premières années de sa vie sur l'obsession qu'il nourrira plus tard pour Christine, et qui le conduiront d'une manière plus générale, à devenir ce personnage sans demi-mesure, qui ignorera tout de la frontière qui existe entre le bien et le mal. Doté d'une intelligence hors normes, que le reste du monde ne pourra jamais appréhender, il se développe dans son âme une sorte de dédoublement inquiétant : enfant sensible et tendre, il sera méprisé, rejeté, battu, exposé comme un monstre de foire ; il créera un monde régi par des règles qu'il aura établi, mais un monde effondré sur lui-même, asphyxiant, au bord de l'implosion permanente. Le lecteur apprend finalement des choses sur sa vie, sur sa relation aux autres, à sa mère, qu'il aurait peut-être préférer ignorer. Erik est sans conteste un personnage inquiétant, Gaston Leroux l'a suffisamment bien décrit pour qu'on en soit convaincu, cependant, il m'a laissé chez Susan Kay une impression plus sinistre et plus ambigue que son incarnation de héros tragique et frollien originelle. Rappelons simplement l'essentiel : le roman laisse un souvenir très marquant, car il est indéniablement bon. Mais au-delà de la qualité de l'écriture, de la narration, et surtout de la psychologie très aboutie des personnages, l'impression générale demeure celle d'un récit lugubre et délétère.