27 octobre 2016

Coup de coeur en musique : Vinegar & Salt

Un petit coup de coeur en musique...

Voici la version symphonique de la chanson "Vinegar & Salt", du groupe belge Hooverphonic, interprétée par l'envoûtante Noémie Wolfs...Un pur moment de plaisir...


21 octobre 2016

Twin Peaks, série de David Lynch et Mark Frost (1990-1991)




Série diffusée de 1990 à 1991, déclinée en 2 saisons et un total de 30 épisodes.

Avec Kyle MacLachlan (Dale Cooper), Michael Ontkean (Harry Truman), Sherilyn Fenn (Audrey Horne), Warren Frost (Dr Hayward), Richard Beymer (Benjamin Horne), Lara Flynn Boyle (Donna Hayward), Piper Laurie (Catherine Martell), David Lynch (Gordon Cole),...

L'agent spécial du FBI, Dale Cooper, est dépêché dans la petite ville de Twin Peaks afin d'y résoudre le meurtre de Laura Palmer, une jeune lycéenne qui semblait appréciée et admirée de tous. Avec l'aide de la police locale, Dale Cooper s'aperçoit rapidement que Laura n'était pas la jeune fille dévouée et aimante que tout le monde connaissait. A vrai dire, aucun habitant de Twin Peaks ne semble être celui que l'on pense... Entre rêves prémonitoires, visions et prophéties, Dale Cooper va dérouler peu à peu le terrible écheveau qui le mènera à l'assassin, à condition qu'il existe réellement...

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Comment exprimer de manière concise mon sentiment après le visionnage de cette série terriblement addictive ? Disons pour résumer que j'ai l'impression d'avoir reçu une grande claque ! Alors que sa réalisation n'est pas neuve, et que l'image a parfois un peu vieilli (elle accuse tout de même vingt-cinq ans d'âge), n'empêche : après avoir visionné en mode marathon les 30 épisodes originaux de la série, dont un épisode pilote d'1h30, je ne peux qu'affirmer avoir été terriblement emballée par son cadre oppressant, sa trame retorse, et ses personnages tour à tour délirants, fous, extravagants, lunaires, parfois même drôles, alors que l'on baigne dans une atmosphère d'une pesanteur inimaginable... Je n'avais jamais vu de ma vie un seul épisode de Twin Peaks, mais connaissais son statut d'oeuvre quasi-mythique, j'ai donc pu profiter pleinement de la découverte, sans trop savoir ce que la série allait me réserver... Je suis en général très peu enthousiasmée par les séries américaines, mais je savais qu'avec David Lynch, on doit s'apprêter à plonger dans un univers très particulier, qui se veut toujours réaliste et cartésien sur le fond, mais qui sur la forme, emprunte de surprenants chemins de traverse. On bascule rapidement dans le fantastique, le tout nimbé d'un humour décalé, délicieusement noir, que l'on ne se serait pas attendu à trouver dans un tel contexte.

L'agent Cooper (Kyle MacLachlan)
L'épisode pilote s'ouvre par la découverte du corps d'une adolescente, Laura Palmer, dans la petite ville paisible de Twin Peaks, située près de la frontière canadienne. Il y fait froid, humide, sombre, les forêts y sont lugubres, impénétrables. L'arrivée d'un agent fédéral y est d'ailleurs vu tout d'abord d'un mauvais oeil par le sheriff Truman (Michael Ontkean), mais Dale Cooper (Kyle MacLachlan), malgré ses allures intransigeantes d'agent fédéral qui frôlent la caricature (costume sombre, imper beige, mine arrogante), arrive à très rapidement gagner la confiance de la police locale, voire même de tous ceux qu'il approche. Sous ses dehors hermétiques, le personnage se révèle sympathique, bien que fantasque, et ses méthodes pour rechercher l'assassin de Laura Palmer le sont tout autant. Doté d'une sorte d'obscure préscience dont lui seul maîtrise les codes, ce Sherlock Holmes aux résultats infaillibles parvient à inquiéter presque autant qu'il ne rassure. Avec cette gueule d'ange, cette distinction à la Cary Grant, et ce regard glaçant, l'acteur a merveilleusement su camper ce personnage troublant sans le rendre monocorde.


Les visions et les rêves de Dale Cooper

D'autre part, la galerie de personnages de la série toute entière est une véritable curiosité. Ils sont d'ailleurs si nombreux dans cette histoire foisonnante, étrange, décalée, qu'il serait impossible de tous les citer, mais ils n'en sont pas moins chacun passionnant de bizarrerie, de détachement ou de fourberie... Chacun, dans une certaine mesure aura un rapport direct avec le meurtre crapuleux de Laura Palmer, qui reste le fil conducteur de la série. Mais que l'on ne s'y trompe pas : à mesure que progresse l'enquête, il s'avère que la mort de la jeune fille mène à des intrigues de plus en plus tortueuses, à des mystères de plus en plus inconcevables et retors dans lesquels les personnages semblent pris comme à l'intérieur d'une toile. Personne n'est réellement innocent à Twin Peaks, et Dale Cooper sera amené à soupçonner tout le monde et personne en même temps... Les meurtres et les disparitions s'enchaînent, des intrigues secondaires se font et se défont, tandis que le mystère de Twin Peaks s'épaissit.



Pour toutes ces raisons, on aura compris que le sentiment post-visionnage est très difficile à décrire, tout autant d'ailleurs que d'essayer de retracer la trame sans trop en révéler. Elle est trop complexe pour cela, mais elle n'en est pas pour cela déconstruite, au contraire : elle est précise, presque chirurgicale, mais recèle dans chaque épisode son lot d'événements imprévisibles, rendant le visionnage extrêmement anxiogène... Ses personnages, eux aussi, subissent des évolutions surprenantes tout au long des 30 épisodes, sans que jamais cela ne se révèle contradictoire. Les assassins et les innocents ne sont pas forcément ceux que l'on croit, et les rôles s'inversent perpétuellement, aussi ne peut-on réellement se fier à personne, car le mal rôde partout. D'ailleurs, n'est-ce pas le mal, le véritable personnage central de la série, celui qui dicte aux personnages leurs actions les plus infâmes et les plus noires ?



La série se termine d'ailleurs sur une telle note, qu'on ne sait réellement pas à quoi s'en tenir. Au passage, je précise que cela faisait très longtemps que je n'avais pas été autant impressionnée par un cliffhanger, ni d'ailleurs autant glacée... Après vingt-cinq ans, David Lynch s'est remis à la réalisation d'une 3e saison - toujours avec le même casting divin - qui sera diffusée aux Etats-Unis en avril 2017... La seconde saison s'étant conclue en laissant la porte largement ouverte à une suite, on patiente et on espère - dans une certaine angoisse - le retour des insondables et noires intrigues de Twin Peaks...


Teaser de la saison 3 :

04 octobre 2016

Les Souliers rouges : conte musical de Marc Lavoine et Fabrice Aboulker


Conte musical, écrit par Marc Lavoine et Fabrice Aboulker, librement inspiré du conte d'Andersen "Les chaussons rouges", et interprété par Marc Lavoine (le compositeur), Coeur de pirate (La danseuse étoile), Arthur H. (le chorégraphe).

Pas de très long article cette fois, mais un simple partage de coup de coeur en musique. En lisant le magazine "L'Obs" il y a quelques semaines, je découvre de manière très fortuite la sortie imminente d'un album, ou plutôt d'un conte musical, composé par Marc Lavoine et son compère de longue date, Fabrice Aboulker (auteur, entre autres des Yeux Revolver). Ce cd de 15 titres, raconte l'histoire d'une jeune artiste rêvant de gloire, ne vivant que de danse. Elle rencontre un chorégraphe tourmenté, interprété par Arthur H., qui lui propose d'interpréter un ballet maudit, "Les Souliers Rouges", qu'il cherche à monter depuis des années. Elle accepte, au prix d'un sacrifice qu'elle sait d'ores et déjà immense. Lorsqu'elle tombe amoureuse d'un compositeur jaloux, campé par Marc Lavoine, elle sera face à un choix impossible : l'amour de l'art ou l'amour tout court...

Alors évidemment, en écoutant l'album et en découvrant la trame, on ne peut décidément penser qu'au film mythique d'Emeric Pressburger et de Michael Powell de 1948, "The Red Shoes", ce que les créateurs du conte musical se gardent bien de mentionner, se contentant de parler de leur source d'inspiration première, c'est-à-dire, du conte original d'Andersen. Or, je pense qu'il n'y a absolument rien de gênant à ce que cette oeuvre-ci s'inspire tant du film, je trouve au contraire qu'ils sont merveilleusement complémentaires... La trame du conte musical est tout à fait identique à celle du film, que je rappelle brièvement : Vickie Page, humble jeune danseuse mais diablement déterminée, rêve de danser dans la compagnie du directeur de ballet, Boris Lermontov, homme tourmenté et tyrannique, dont elle devient peu à peu la muse. Lorsqu'elle tombe amoureuse du compositeur du ballet "Les Chaussons rouges" et qu'ils quittent la compagnie pour se marier, Lermontov ressasse sa rage, avant d'essayer désespérément de la récupérer dès que le mari a le dos tourné... Vickie se retrouve en otage d'une situation intenable, d'un abominable chantage affectif : d'un côté le mari jaloux qui ne supporte pas de voir sa femme danser pour Lermontov, et de l'autre le directeur de ballet possessif qui ne tolère aucun partage. La malédiction du ballet est en marche...



Vraiment très peu de différences donc entre l'histoire scénarisée par Emeric Pressburger et le livret du conte musical. Il s'agit des mêmes sacrifices, des mêmes tiraillements, des mêmes chantages, autour de ce personnage déterminé mais fragile, qu'interprète magnifiquement Coeur de pirate. La musique est tantôt sobre, tantôt tragique, et les paroles, même si elles ne sont pas parfaites car parfois un peu maladroites, sont pourtant toujours très efficaces et parviennent à transmettre en peu de mots de merveilleuses émotions, grâce à des interprétations à fleur de peau. Marc Lavoine et Arthur H prêtent magnifiquement leurs timbres graves à leur personnage respectif, le premier plutôt dans un registre de romantisme passionné, l'autre dans celui d'une mélancolie tragique, qui sait qu'il entraîne sa muse vers un abîme. Ne lui dit-il pas d'ailleurs, d'une voix sombre, dans le splendide morceau "Rêve d'une vie", qui me paraît le plus abouti de l'album :

"Viens danser dans ma nuit ; Les souliers rouges à tes pieds, endormis ; Offre-toi au dieu de la danse : Comme un cadeau immense." 

Il est en cela un digne héritier du personnage glacial interprété à l'origine par Anton Walbrook, quoiqu'en renforçant son côté damné, puisqu'il semble corrompre tout ce qu'il approche et tout ce qu'il touche... mais le diable n'est sans doute pas loin dans ce conte musical absolument splendide, qui oscille entre récit fantastique, et fable romantique.