22 avril 2008

Le Chien des Baskerville - Richard Roxburgh


The Hound of the Baskervilles

d'après le roman d'Arthur Conan Doyle.

Produit par la BBC

Avec Richard Roxburgh (Sherlock Holmes), Ian Hart (Dr John Watson), John Nettles (Dr Mortimer), Matt Day (Sir Henry Baskerville), Richard E Grant (Stapleton).

Image hébergée par servimg.com

Image hébergée par servimg.com

Je suis tombée par hasard sur cette adaptation de la BBC (2003) voici quelques semaines, lors de sa diffusion sur France 2. J'ai été tout d'abord on ne peut plus désappointée par les modifications apportées à l'histoire originale, qui, je n'en doute pas, ont effrayé les puristes et les adorateurs du canon holmesien. Rassurez-vous, rien de bien grave, car somme toute, la trame est respectée. Il s'agit plutôt de détails parsemés tout au long du téléfilm qui ne sont pas forcément tous judicieux et parfois tout  fait décalés.
Je ne vois cependant pas tout en noir... Car les interprétations sont indéniablement excellentes. Il est très difficile de passer après le regretté Jeremy Brett dans la peau de Holmes, dans lequel le comédien s'était investi corps et âme durant plus de dix ans. Richard Roxburgh, acteur de théâtre d'origine australienne (je suis certaine que les puristes se sont également révoltés contre le fait qu'il ne s'agisse pas d'un britannique), se démarque de Brett avec brio. L'acteur n'a pas un physique particulièrement typé (une blondeur un peu paradoxale, absence des traits sévères que l'on prête volontiers au héros de Doyle), mais il a ce charisme glacial, ce regard dur, impénétrable, cet air profondément hautain, cette fierté féline, qui font qu'on ne peut qu'adhérer à son interprétation. D'emblée, on adore le détester... Il est légèrement moqueur, un tantinet insouciant (voir complètement inconscient), mais il est surtout bien plus énergique que ses prédesseurs (dans un souci de modernité j'imagine). Il a des airs de dandy très étudiés qui imposent immédiatement une distance froide avec quasiment tout le reste de l'humanité. N'oublions pas que Sherlock Holmes est intelligent, et qu'il le sait... ^_^ Il ne manque donc pas de la faire sentir à tout un chacun.



Image hébergée par servimg.com




Image hébergée par servimg.com


Passons à présent à Watson. Ian Hart est également très bon, mais je n'ai guère aimé la façon de traiter l'amitié des deux personnages. Watson est certes le narrateur, mais il est aussi un ami fidèle, un compagnon de route essentiel à Holmes. Watson, même s'il subit certaines humiliations infligées par Holmes sans broncher (toujours dans le roman, entendons-nous), sachant que la plupart d'entre elles sont à prendre au second degré, il reste un élément essentiel des récits, et aussi un allié de Holmes. Ici, Watson est perpétuellement tendu, se mettant dans des colères noires contre Holmes dans certains situations, allant jusqu'à le dénigrer en public. Une scène m'a marqué dans cette adaptation. Tous les fervents holmesiens se souviennent de la liste dressée par Watson dans Une Etude en Rouge comportant les lacunes intellectuelles de son ami (Botanique : nulles - N'y connaît rien en jardinage - Astronomie : inexistantes - Philisophie : faibles, etc.). Liste qui reste évidemment personnelle et ne fait jamais l'objet d'un étalage public. Chose qui est faite ici devant tout un parterre, comme si le but était de rabaisser à tout prix l'intelligence de Holmes et d'imposer un équilibre de personnalité avec Watson... J'ai trouvé ça étrange et déplacé.
Je noterai encore quelques détails qui m'ont beaucoup frustrée :
- Holmes se drogue à deux reprises, afin de stimuler son esprit logique. Ce qui est une grossière erreur. Sherlock Holmes ne se drogue jamais durant une affaire, puisqu'il s'occupe l'esprit. Le personnage ne retombe dans ses travers que lorsqu'il est seul et désoeuvré. Les scènes en question sont d'ailleurs absente du téléfilm diffusé en France, mais bel et bien présentes sur la version longue en DVD (par ailleurs interdites au moins de 15 ans...)
- La fin est entièrement remaniée. Elle est absolument transformée afin de la faire paraître plus tragique. Je ne vois pas en quoi la mort de Ms Stapleton était utile, ni que Watson se fasse tirer dessus. Sherlock Holmes se retrouvant à la merci de Stapleton, coincé jusqu'au cou dans les marais de Grimpen , est également là pour rappeler que Holmes est faillible et qu'il n'est sans doute qu'un simple mortel... Il n'empêche que tout ceci est décalé.

Image hébergée par servimg.com

Il faut tout de même saluer Richard E Grant, qui campe un splendide Stapleton, et qui aurait presque pu interpréter, au vu de son allure froide et rigide, un Sherlock Holmes parfait. Et puis, il y a le Chien, qu'on voit parfaitement dans cette adaptation (entièrement en images de synthèse), et qui est assez impressionnant.



Image hébergée par servimg.com

En somme, cette adaptation mérite mille fois d'être vue, même si elle comporte pas mal de défauts... Elle est très bien interprétée (à voir en VO pour en profiter pleinement), et les décors sont magnifiques, tout comme les plans sur la lande morne et désolée.

Image hébergée par servimg.com

Le dvd est disponible (environ pour 20 € sur http://www.amazon.co.uk/ )

4 commentaires:

  1. La meilleure adaptation du Chien des Baskerville reste pour moi, l'excellent film de Terence Fisher avec Peter Cushing et Christopher Lee (1959), mais cette adaptation produite par la BBC se révèle un téléfilm de grande qualité (comme la plupart des productions de la BBC), remarquablement interprétée par Richard Roxburg et Ian Hart. Cette version est à mes yeux meilleure que celle précédemment produite par Granada avec Jeremy Brett.
    A voir aussi d'autres excellents films mettant en scène le héros de Conan Doyle comme 'Sherlock Holmes attaque l'Orient Express' et 'Murder By Decree' qui ne sont pas adaptés des écrits de Doyle mais sont néanmoins très très bons.

    RépondreSupprimer
  2. Bonjour et merci beaucoup pour le commentaire sur cette splendide adaptation du chien des baskerville !

    Je commençais un peu à me désespérer d'avoir un jour un commentaire sur ce post ! Alors encore merci... ^_^

    J'ai moi aussi vu l'adaptation du Chien des Baskerville de Terence Fisher il y a quelques années. Et je dois dire que je n'aime pas tellement le Holmes de Peter Cushing. Trop nerveux, trop sérieux, trop rigoureux. Le Holmes que j'imagine dans les romans est avant tout un personnage d'une logique froide, bien sûr, mais il est aussi très enthousiaste, très passionné (par ses enquêtes entendons-nous), parfois très gai, parfois très déprimé, qui a des avis très originaux pour son temps. C'est un personnage peu conventionnel, et le Holmes de Cushing est d'une froideur redoutable.

    Concernant Brett, j'affectionne beaucoup l'adaptation que la Granada en a faite. D'une part parce qu'elle est très respectueuse du roman (quasiment à la ligne près), et d'autre part parce que Brett EST Holmes. Il est sans doute le meilleur interprète qui ait jamais existé. D'ailleurs j'ai du mal à imaginer Holmes autrement qu'avec les traits de Jeremy Brett.

    Or, Richard Roxburgh a très bien su se démarquer. Il est peut-être plus vivant, plus moderne (façon de jouer beaucoup plus modérée que ses prédécesseurs), tout en alternant des instants de froideur implaccable et d'ironie cinglante.
    On est un peu plus loin du Holmes du roman, mais il est crédible et il est malgré tout, très attachant.

    Je connais les films cités dans ton post de nom. Je vais d'ailleurs me renseigner pour en savoir plus !

    PS : merci de laisser votre nom au pseudo dans la case NOM ou au bas de votre message. C'est toujours plus sympathique quand on sait à qui l'on s'adresse. ^_^

    Merci d'avance et à bientôt, je l'espère.

    RépondreSupprimer
  3. C'est vrai, j'admet que Holmes/Cushing est un peu trop froid mais il peut néanmoins déployer une ironie fort plaisante, même si le personnage semble se refuser toute légèreté...et on pourra me dire ce qu'on voudra, je n'y peux rien, je suis à la fois un grand fan de Fisher, de la hammer, de Peter Cushing et de Christopher Lee...alors si une adaptation de l'excellent roman de Conan Doyle réunit ces critères là, forcément, j'aime, j'adore...Pour ce qui est de Richard Roxburg, je trouve que c'est un choix extrèmement judicieux, et j'aime beaucoup l'idée.
    Je ne sais pas si tu aime Dracula, mais l'adaptation produite dernièrement par Granada en est absolument superbe, Marc Warren en Dracula et David (Poirot) Suchet en Van Helsing détonnent tout autant qu'un Roxburg en Holmes et un Ian Hart en Watson.

    RépondreSupprimer
  4. Bonjour Gabriel,

    Je comprends tout à fait que tu aimes beaucoup l'adaptation avec Cushing ou Lee. C'est la première adaptation du Chien des Baskerville que j'ai vue, et elle m'avait laissée un excellent souvenir. Mais c'était bien avant de connaître les séries Granada et Jeremy Brett, qui est, à mes yeux, indétrônable dans ce rôle (mais là, c'est une grande fan qui parle... ^_^). Roxburgh est très bon, mais différent. A mon sens, il n'est pas forcément le Holmes que j'imagine en lisant Conan Doyle, il a ajouté un je ne sais quoi de glacial, de piquant, et à la fois de sinistre qui le fait se démarquer brillamment de ce qui a été fait jusque là.

    Concernant Dracula, je connais l'adaptation dont tu parles, car elle a été diffusée par la BBC il y a 1 an et demi. J'avais tenté de la regarder, mais je n'apprécie pas spécialement le roman de Bram Stoker, ni les histoire de vampires en général. Ce que tu en dis me rend très curieuse. Je vais tâcher de combler cette lacune... ^_^

    RépondreSupprimer