02 septembre 2009

Peter Ibbetson (1935)

Film de 1935, réalisé par Henry Hathaway (USA)

D'après le roman éponyme de George Du Maurier "Peter Ibbetson"

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Avec Gary Cooper (Peter Ibbetson), Ann Harding (Mary, Duchess of Towers), John Halliday (Duke of Towers), Ida Lupino (Agnes), Virginia Weidler (Mimsey-Mary à 6 ans), Dickie Moore (Gogo-Peter à 6 ans).

Peter Ibbetson, jeune architecte au tempérament instable, est envoyé chez le Duc de Towers afin de rénover ses dépendances. Il fait la connaissance de son épouse, Mary, et se lie immédiatement d'amitié avec elle, malgré leurs nombreuses divergences.
Le jeune homme croit trouver en elle des réminiscences de son amour d'enfance, Mimsey, dont on l'avait séparé plus de 20 ans auparavant.

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Peter Ibbetson, avant d'être un film, est un roman de George du Maurier (grand-père de Daphné), l' auteur de Trilby - roman très connu Outre-Manche - célèbre pour avoir inspiré, dit-on, Le Fantôme de l'Opéra à Gaston Leroux... Peter Ibbetson connut un succès beaucoup plus modeste, alors que Trilby fut acclamé par la critique et les lecteurs (et fit l'objet d'une adaptation scénique qui tint l'affiche pendant de nombreuses années). D'un point de vue tout à fait personnel, je pense que les romans de George du Maurier ont assez mal passé l'épreuve du temps. Si les trames sont splendides, on peut reprocher à la plume de s'égarer dans des détails de piètre importance, qui ont tendance à anarchiser la structure du récit. Il faut leur laisser qu'ils sont remplis d'un humour plutôt en avance sur son temps, mais que le ton, s'il se veut enlevé, ôte à l'histoire quelque peu de son sérieux et donc de sa crédibilité.

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Le film qu'en a fait Henry Hathaway en 1935, même s'il reprend les éléments essentiels de l'oeuvre, se concentre sur le véritable propos sans jamais s'égarer. L'histoire retrace en effet le destin de Mimsey et Gogo, élevés ensemble dans le Paris de 1850, séparés ensuite de force après la mort de la mère du petit garçon. Parti en Angleterre, Peter alias Gogo ne reviendra jamais à Paris et ne reverra jamais Mimsey, malgré qu'il lui avait promis, un jour, de venir la rechercher... Peter demeure hanté, plus de 20 ans plus tard, par le souvenir de cette séparation brutale, et reste habité par un sentiment d'isolement, de solitude et presque de culpabilité, qui le poursuit comme une obsession brûlante. La mort de sa mère, son départ de France, la séparation d'avec son amie d'enfance, autant de déchirements qui font de Peter Ibbetson un être brisé.
Il est un personnage romantique, mais pas dans un sens péjoratif : il est sombre, voire instable, plein de contradictions. Bref, le personnage s'est largement étoffé pour son adaptation à l'écran... Gary Cooper, que l'on attend peu dans un registre aussi particulier, a eu sans doute eu là l'un des plus beaux rôles de son impressionnante carrière.

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Sa rencontre avec Mary, duchesse de Towers, dissipe subitement en lui tous les tourments qui le relient à son enfance... Simplement parce que Mary est le symbole même de son enfance perdue.
Ann Harding, distinguée, résolue, mais d'une douceur splendide, interprète son rôle à la perfection. Un jeu d'une beauté sans fard, une délicatesse et une élégance qui restent gravés dans l'esprit... Le personnage de Mary-Mimsey n'est pas une ingénue, naïve et passive, comme on peut tant en trouver dans les trames romanesques. La force et l'émotion s'allient avec une sobriété touchante dans ce personnage, qui demeure un modèle de stabilité et de courage tout au long de son destin tragique. Une âme franche, vivante, et pourtant hantée par un sentiment d'abandon tragique dont le spectateur n'aura malheureusement qu'un court aperçu...

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Les modifications scénaristiques (l'intervention du Duc de Towers dans l'intrigue, qui limite ainsi la dispersion des personnages et de l'action), confortent l'univers onirique de ce film, qui est son élément le plus hors-norme et le plus fort. Une oeuvre, qui est à beaucoup de point de vue très singulier et plutôt en avance sur son époque.

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Ajoutons que la photographie, quasiment expressionniste, apporte à ce film une beauté sobre, qui accompagne l'intrigue à la perfection.

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Un chef d'oeuvre oublié à (re)découvrir, édité dans la Collection des Introuvables (disponible à la fnac) !

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